Mon dieu que le temps passe vite, je n’ai même pas le temps de lire mes Delicious. Si ce n’est pas malheureux quand même. Ils s’entassent sur la console dans l’entrée, encore protégés par leur plastique. Je n’ose pas les compter. J’ai un peu honte, mais ce que je peux te révéler c’est que je suis en phase avec les saisons de 2016.

Il faut que je te raconte, l’autre jour j’ai fait un truc underground. Je suis à allée à Tooting pour dîner. Yep Tooting mon pote.

Si un jour on m’avait dit que je rejoindrais une copine pour dîner à Tooting Broadway le soir… le SOIR, je t’aurais probablement regardé avec un regard morne, genre oui c’est cela. Un peu comme si le matin du 23 juin 2016 on m’avait annoncé que le Brexit passerait. Tu rigolais doucement, souviens-toi. La certitude, parfois ce n’est pas très fiable. D’ailleurs à ce sujet, ça me rappelle ce que nous avait sorti Arsène un soir, qui nous avait tous fait bien rigoler. Arsène, il n’a pas beaucoup de certitudes dans la vie, il sait très bien que les choses peuvent changer du jour au lendemain. Pourtant s’il a bien une certitude c’est que jamais de sa vie il n’habitera à Versailles.

“S’il y a bien un truc dont je suis sûr et certain c’est que jamais, au grand jamais, je n’habiterai à Versailles”.

« Ah, ça putain, j’en suis certain« , il avait rajouté. Il avait déclamé cela comme une réplique de théâtre. Qu’est-ce qu’on avait rigolé. On le comprend Arsène. Par quelle fantaisie saugrenue lui viendrait l’idée d’établir femme et enfants dans la royale bourgade après Singapour, Londres et New York. Un manque d’imagination flagrant.

Bref, revenons-en à nos moutons de Tooting. J’avais entendu parler de ce restaurant La Bordelaise qui a ouvert à l’année dernière, quelques semaines après le Brexit (audace). Il se trouve dans le Broadway Market, l’un des deux marchés de Tooting. Il n’est pas forcément aisé à trouver pour qui n’est pas du coin, mais ce n’est pas grave, on déambule dans les allées du marché en se disant que le lieu rappelle bigrement celui de Brixton. Avec un petit peu d’imagination, bien entendu. J’étais surprise de trouver de la vie dans ce marché le soir, un pop up bar par ci, un petit resto sri-lankais par là… On se dit qu’avec un peu de volonté il pourrait devenir aussi “vibrant” que Brixton.

Traverser Londres pour un bon steak frite… eh why not.

 Je ne suis pas folle vous savez

Alors on mange quoi ?

On patiente avec une planche de saucisson/cornichons, du pain au levain et du beurre Lescure.
On commande un steak rib-eye ou flat iron bien saignant avec une sauce béarnaise extra. En accompagnement ? Des frites à la graisse de boeuf et des épinards à la crème.
C’est parfait et la petite madeleine fonctionne à plein régime le temps d’un repas. Tu retrouves le goût de ta brasserie frenchie. Il y a même des verres Duralex avec ton âge dedans – j’avais 28 ans, ça tombe bien c’est mon âge préféré. Une petite piqûre de rappel de temps en temps pour raviver la flamme.

Et comme dessert ? On n’avait plus vraiment faim avec Muguette, mais par acquis de conscience nous avons partagé le fondant au chocolat, qui à lui seul, mérite le voyage jusqu’à Tooting.

Y retourner ? Si j’étais “local” as we say around here, certainement. Et sûrement pour tester leur French Sunday roast.

La Bordelaise
Unit 9-11 Broadway Market
29 Tooting High Street
London SW17 0RJ

PS : sauras-tu deviner laquelle unique photo a été prise par moi sur cet article ?

> > Une autre idée de resto qui fait vibrer la petite flamme de la nostalgie Frenchie : Chez Elles sur Brick Lane