Humeur

Comme une boule de flipper, qui roule

Quand j’ai écouté la May au parlement hier je me suis sentie comme une boule de flipper.

corynne charby boule de flipper

Chers concitoyens européens, sachez qu’il n’y a plus de quoi s’affoler, Theresa elle nous aime bien. A sa façon certes, mais elle nous aime bien. Elle l’a dit hier devant le parlement :

« Eu citizen make an invaluable contribution to our United Kingdom, to our economy, our public services and our every day life. They are an integral part of the economic, cultural and social fabric of our country and I’ve always been clear that I want to protect their rights. »

Bon évidemment tout ça c’est à condition que les membres de l’Union Européenne acceptent son offre, dont voici les points clés.

1 – Le besoin de certitude – parce que nous pauvres petits citoyens on a besoin de certitude et Theresa dans sa bonté veut bien nous apporter un peu de réconfort : « to put their anxiety to rest ». Merci monseigneur. C’est limite condescendant, non ?
Donc voici comment elle veut apaiser les pauvres EU citizens que nous sommes : «  No EU citizens currently in the UK lawfully will be asked to leave when the UK leaves the EU »
Donc toi plus moi plus tous ceux qui le veulent, on est safe. Enfin safe jusqu’à ce qu’une équipe de juristes pervers vienne s’amuser avec l’amplitude élastique du mot « lawfully ».

2 – Tout citoyen européen avec une résidence continue de cinq ans à une date spécifiée ultérieurement se verra décerner le « settled status ».
Je ne sais même pas comment traduire cette expression. Statut garanti ? Cela signifie qu’on sera traité comme si on était des citoyens britanniques (le graal !) en ce qui concerne la santé, l’éducation, les allocations et les prestations sociales ainsi que les retraites.
Wow, merci monseigneur. Puis-je rappeler quand même qu’on bosse et qu’on cotise alors arrête de faire comme si c’était un cadeau ou un privilège.
Ceux qui n’auront pas encore leur 5 ans de résidence et qui seront arrivés avant la mystérieuse date spécifiée ultérieurement auront la possibilité de rester jusqu’à leur cinq ans de résidence afin de poser leur candidature au « settled status ».

3 – La fameuse date spécifiée ultérieurement devra faire l’objet de discussions. Elle ne devra en aucun cas être antérieure au déclenchement de l’article 50 et ni postérieure à la date à laquelle le Royaume Uni quittera l’Union Européenne.

4 – Les membres de la famille des citoyens européens qui vivent à l’étranger pourront venir au UK et commencer la procédure pour obtenir le satané « settled status ».

5 – il y aura une période de grâce qui pourra aller jusqu’à deux ans pour permettre aux personnes de régulariser leur situation.

push the button

6 – C’est là qu’on rigole !
Un nouveau système d’enregistrement va être mise en place. LOL. Ce qui veut dire que tout ceux qui ont fait leur demande de carte de résidence permanente devront refaire le processus dans le nouveau système au même titre que les feignasses comme moi qui n’ont pas levé le petit doigt depuis l’annonce du Brexit.
Franchement, je l’aurais mauvaise si  j’avais passé des soirées entières à rassembler toute la paperasse, à payer les frais de dossier, voire d’avocats et à stresser à attendre la sacro-sainte carte, puis à célébrer cette première marche vers une acceptation comme sujet de Sa Majesté… et se voir dire aujourd’hui que tout ça ne vaut plus rien et se faire remettre en bout de queue avec toute la troupe à attendre 2018 pour tout recommencer. C’est dégueulasse.
Moi je me dis que ma procrastination a enfin été bonne conseillère.
Rassure-toi petit soldat, le processus devrait être plus simple. Dis-toi que c’était un galop d’essai et que tu seras entraîné comme jamais pour défier le nouveau système. Regarde, tu n’auras même plus besoin de CSI.

7 – Réciprocité pour les citoyens britanniques qui vivent dans l’Union Européenne.

8 – Hourra ! Quelqu’un se réjouit aujourd’hui dans la maisonnée. Elvis, lui, est exempté de toutes ces obligations. Il n’a pas besoin de demander la résidence permanente, il l’a d’office en tant qu’Irlandais. Il continue de bénéficier de tous les droits qu’il avait déjà et notamment le droit de vote pour toutes les élections. Il n’a jamais vraiment inquiet, il faut dire. Son deuxième nom c’est Mister Keep Cool.

9 – Le Royaume-Uni continue d’opérer le système de retraites mis en place par l’Europe (en tout cas pour ceux qui en bénéficient déjà… pour ceux qui viendront plus tard c’est flou) ainsi que la carte de sécurité sociale européenne.

On note au passage qu’on perd le droit de vote aux élections locales et européennes. Et aussi la protection de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, mais ça on le savait déjà. Donc non seulement on sera des citoyens de deuxième classe au UK, mais aussi en tant que citoyen issu d’un pays de l’Union Européenne, on devient également un citoyen européen de seconde zone.

Voilà ce qu’on peut dire pour le moment de cette offre soit disant juste et sérieuse de notre PM diabolique. Encore une fois, j’ai envie de dire « wait and see ». Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Je pense que Theresa n’a pas fini de nous montrer son petit côté Asperger et de nous la faire à l’envers (voire bien profond).

PS : Mais d’où vient ce titre ? Du fin fond des années 80 ! Corynne Charby, souviens-toi !

 

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4 réponses »

  1. C’est tellement du foutage de gueule ces annonces… Obliger les gens qui ont déjà fait une demande de résidence permanente à refaire un dossier, surcharger l’administration avec des centaines de milliers de dossiers à traiter en même pas deux ans… Et en plus interdire l’accès aux élections locales et européennes, ça me fout hors de moi. May a une drôle de façon de montrer qu’elle soutient cette « invaluable contribution » offerte par les expats de l’UE…

  2. oh wow, je ne suis pas du tout les news, mais ton article resume bien et me donne un bel apercu ! J’ai une amie qui a decide de quitter londres elle est partie s’installer a Amsterdam… COURAGE !

  3. Merci, je l’avais ressenti comme ça aussi, cette douille profonde de la part de May (je l’appelle mamie facho perso …).

    Ce qui m’a le plus épaté, ce sont les frais de dossiers, 65£ pour un premier papier à la noix.

    Le pire est que j’étais vachement anglophile avant, même prêt à bosser, à m’intégrer et à faire ma vie et même demander la nationalité, mais ça me refroidis cette impression de vente forcée, surtout pour financer leurs conneries et leurs bus à mensonges.

    Si jamais, pour se marrer pour ceux qui connaissent pas (ils sont de moins en moins nombreux, Jonathan Pie résume bien le parti des conservateurs à l’heure actuelle.

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