La révolution tunisienne est née des inégalités et disparités régionales ressenties par les populations de l’intérieur du pays, en particulier par les jeunes (45% de la population). Les causes de cette révolution sont également politiques: un vrai ras-le-bol de voir le président Ben Ali et sa famille, notamment celle de sa femme Leïla Trabelsi piller les richesses du pays, régner en presque tyran sur tout le pays et organiser un système mafieux de gestion de l’économie.
Plus encore que Ben Ali lui-même, c’est à Leïla Trabelsi que les Tunisiens en veulent. Pour ceux que ça intéressent, je recommande vivement la lecture de La Régente de Carthage. Ce livre retrace la main basse sur la Tunisie de la « présidente » et de son clan. Ecrit par Nicolas Beau et Catherine Graciet, il est paru en octobre 2009 et circulait sous le manteau en Tunisie jusqu’en janvier 2011.
Cette femme est un personnage extraordinaire et fascinant de monstruosité.
Leïla Trabelsi était une petite coiffeuse qui plaisait aux hommes et qui peu à peu a grimpé l’échelle sociale en jouant de ses charmes jusqu’en 1984 où elle séduit celui qui allait devenir le personnage le plus puissant de Tunisie: Zine el-Abidine Ben Ali. A partir de ce moment, plus rien de l’arrête. La Trabelsi va placer sa fratrie aux postes clés de l’économie tunisienne et du pouvoir.
Le 14 janvier, le couple a fui la Tunisie vers l’Arabie Saoudite. Dès le lendemain, toutes les luxueuses propriétés et les biens qui appartenaient au clan des Ben Ali et Trabelsi ont été savamment pillés, saccagés et détruits.
A Hammamet, nous logions dans une somptueuse villa, non loin d’une des maisons détruites pendant la révolution de jasmin.
Pénétrer dans cette maison fait un drôle d’effet. Déjà, on se dit qu’on franchit un interdit et puis on imagine le faste, la corruption et le luxe qui a pu y régner alors qu’à moins de 300 mètres des familles tunisiennes s’entassent dans des appartements d’une pièce. On imagine les soirées de débauche qui ont pu avoir lieu dans cette villa de brigands. Avant.
Et on regarde le carnage. Tout est cassé, volé, saccagé. Tout ce qui a pu être emporté est parti: les meubles, les appareils ménagers, la vaisselle, les poignées de portes, les encadrements de fenêtres, les portes, les interrupteurs, les plinthes, les lavabos, les toilettes… Il ne reste que les murs, le carrelage et le marbre.
Par contre, il n’y a pas de graffitis sur les murs, pas d’injures, pas de destruction purement gratuite.
La maison est dans cet état depuis janvier dernier. Elle n’intéresse pas grand monde, à part des curieux comme moi, partagés entre la fascination et l’effarement.
Au milieu des gravas, ce couvercle de boite Dior… j’adore !
✿ Autre billet sur la Tunisie
Lost in Tunisia part 1 – Les retrouvailles
Catégories :Voyages
Cela m’aurait fait des frissons partout également, de pénétrer dans cette maison luxueuse abandonnée … chargée un peu d’histoire finalement, bien que triste !
ma belle soeur habite là bas (soeur expate priez pour nous …bah oui la pauvre) elle se régale et je suis sûre que ce fût de même pour toi et la moulinette photos canons !!! et j’adore ta plume copine
merci Mathilde
et encore vous avez raté la maison avec des antiquités romaines dans la cuisine! un must!
Ton billet est surprenant. pas pour le fond malheureusement récemment dévoilé mais ces photos … quels lieux déroutants !
Comme envoyée spéciale, tu es parfaite !
tu as vu, la vraie MLJ !
Quelle etrange atmosphere… merci de nous rappeler qu’il n’y a pas que London dans la vie !
Mais c’est incroyable de pouvoir rentrer ainsi dans cette maison! Après tout ce qui s’est passé… et cette photo de couvercle de boîte dior au milieu des gravas…c’est symbolique. Une photo forte, à garder je pense.
je ne savais pas qu’on pouvais la visiter, j’ai vu des vidéos à la tv de quand ils ont tout juste commencé à investir la demeure présidentielle, il parait que dans la bibliothèque, ce ne sont pas des livres qu’ils ont trouvés, mais des piles de billets… et dire qu’il se sont enfuis avec une tonne (ouioui) de lingots d’or, et la Tunisie, avec tout ça, voit sa première source de revenu (le tourisme) baisser sensiblement 😦
Effarant!
Oui c’est triste de voir le tourisme au plus bas.
C’est drôle que tu aie pu rentré dans cette maison comme ça…
Voilà un reportage en live digne d’un vrai journaliste!
Un plaisir de te lire et merci de partager avec nous cette page d’une histoire recente, un pays qui parait si loin et si proche a la fois. Encore encore encore!
Un grand merci à tous pour vos commentaires sympa.
Un vrai plaisir de partager.