Bon, les grenouilles, vous êtes prêtes pour une leçon de small-talk?
Tu ne sais pas comment réagir devant l’Anglaise hystérique over enthousiaste?
Ta voisine te conte la météo du jour et tu ne sais point s’il faut opiner du chef ou faire semblant de tomber dans le coma?
Les mamans de l’école te décrient les préparatifs de la birthday party de leur bambino et toi tu commences à avoir des envies de meurtre à la tronçonneuse (ou pire, au marteau)?
Bref, comme la plupart des êtres normalement constitués et qui ont un minimum de jugeote, tu n’es pas équipé pour faire du small-talk à une personne que tu connais ni d’Eve ni d’Adam (et ni de Chantal d’ailleurs).
T’inquiète, je suis là. Non pas que je maîtrise l’art du remplissage futile de conversation (loin de là), mais j’ai souvent l’occasion de l’observer et de l’analyser.
1 – On évite de se prendre au sérieux
On n’est pas là pour verser sa science dans un puits sans fond. L’interlocuteur n’est pas une plante: c’est un petit être comme toi qui souhaite profiter de la vie.
2 – On chausse son sourire
Si tu ne souris pas, point de small-talk il y aura. Effectivement, si tu fais une tête d’enterrement, l’interlocuteur prendra pitié et tentera une sortie discrète ou bien il te fera l’histoire des malheurs de sa famille de l’Antiquité à nos jours afin de compatir.
3 – Non, ta vie n’est pas un roman: on évite les sujets trop perso
Ton petit dernier a 40° de fièvre? Tu as souffert le martyre lors de la dernière épi du maillot? Ta belle-mère te fait des misères? Ben on s’en fout un peu en fait.
Oh hé, et puis on n’est pas sur Facebook ici: si tu as mangé des cupcakes à la noix de cajou équitable saupoudrés de paillettes de pétales de rose avec Chantal, on s’en tape un peu tu vois!
4 – Futilité, futilité, futilité
Le small-talk réussi est celui qui est alimenté par des sujets ni trop sérieux, ni trop compliqués et surtout pas trop intelligents. Le small-talk est fédérateur (il tire par le bas quoi).
Au choix: le temps, trop chaud/trop froid (en fonction de la saison), les déboires des people (ici en Angleterre, on parlera de Peter André et Katie Price – Tu ne sais pas qui c’est? Moi non plus!), le foot (quoique le sujet soit un peu controversé ces derniers temps et risque de mettre à plat le small-talk – dans le doute, s’abstenir), les prix qui montent inexorablement (où va-t-on?), le marché de l’immobilier, les émissions de télé-réalité (et en particulier les télé-crochets), les bons plans shopping, les soldes… bref il y a de quoi small-talker à l’infini. Une aubaine, en fait!
Bref, tu oublies la critique de la raison pure de Kant.
5 – L’auto-dérision, ou l’auto-vanne, le petit plus du small-talk anglais
Le British est un as de l’auto-dérision. Il n’hésitera pas à se critiquer pour faire un bon mot. C’est l’une des caractéristiques de l’humour anglais. Ceci est très utile pour le small-talk et permet de lancer la balle à l’interlocuteur qui répliquera pour dire que mais non, mais non «you look fabulous Darling!» (voix aiguë qui fait péter les tympans dans un rayon de 300m).
Observons:
Jenny – «Oh my goodness, I went to an amazing dinner party last night. Food was fantastic – Gordon catered for it! I ate so much that I look like an elephant in a party dress tonight» ah ah ah (on ne sait pas trop pourquoi Jenny rigole bêtement en fait)
Jennifer – «Oh no babe, you look fabulous, as usual. But I love elephants anyway»
Jennifer est small-talk proficient: elle a donné la réponse attendue par Jenny.
6 – Etre une bonne oreille
Pour que le small-talk fonctionne, il faut qu’il y ait un récepteur. Et le récepteur, c’est ton oreille. Tu dois savoir écouter pour mieux répliquer. Si tu te fous une peu de la pluie ou du beau temps ou encore des frasques de Peter Doherty. Fais un effort, écoute, souris et fais des «Oh», des «Ah» et des «Ah bon?».
7 – Y croire
Afin de participer activement au small-talk et en particulier le soir à l’occasion de mondanités nocturnes, il faut s’animer un minimum (en particulier si le Botox a amenuisé tes possibilités d’expressions faciales).
Tâche de faire le sourire ultra-brite, exclame-toi à qui mieux-mieux, aies un verre à la main (indispensable) et pétille des yeux.
Une dernière chose avant que je te lâche dans le grand bain: l’alcool est une aide bien précieuse dans l’acquisition du small-talk. Alors entraîne-toi chez toi, devant ta glace. Sers-toi un whiskey, un Pinot Grigio ou tout autre alcool qui ferait rosir une jeune-fille et lance-toi! Small-talk to yourself in the mirror. Après quelques séances (même matinales), tu devrais être fin prêt et tu pourras te lancer dans la nuit londonienne sans aucun filet.
PS: si toi aussi tu as des tips et des petites astuces pour l’apprentissage du small-talk, n’hésite pas à les partager dans les commentaires.
♥Autre article sur le small-talk
Catégories :Humeur
J’adore 🙂 C’est assez universel ^_^
bon, ben … ya plus qu’à !! merci pour les tuyaux !
Pfff! Je ne suis pas assez sportive, s’il faut s’entrainer…. Pas dit que j’y arrive!
ahhhhhhhhhhhhh j’adore! Toi aussi tu connais Jennifer et Jenny? 😉
Tres drole, j’aime beaucoup ton billet ! Je vis peut-etre ici depuis trop longtemps mais je ne vois ces gens-la qu’a la tele…ou peut-etre ai-je appris a les eviter !
:)) le plus difficile c’est quand justement tu ne peux pas boire d’alcool puisque tu reprends le volant le Yorkshire n’ayant encore aucun transport en commun noctambule …
Ah oui, ça c’est terrible. Devoir supporter cela sans alcool, moi je cherche une corde direct!
hahahaha EXcellent!!! vraiment drôle, punchy, super bien écrit quoi! Et tu t’étonnes d’être si courtisée pour écrire des articles?
Bon ben sinon, je ne suis pas sûre que l’alcool aide vraiment à l’art du small talk (surtout quand on raconte sa vie son cul et ses déboires au bout d’une pinte…de cidre). Ceci dit je crois que, après deux ans à Londres, je suis prête pour le CAPES de small talk catégorie météo…
*pink inside*
lol pour le CAPES de small-talk catégorie météo!!!
C’est maintenant que je suis partie que tu m’expliques tout ca! Merci quand même du moment de fou rire.
Ouf!! Ca me fait plaisir de voir que ce genre de situation n’arrive pas qu’a moi!!
A chaque fois que je me retrouve dans une » small talk » situation, j’ai l’impression de jouer un role, un peu comme un acteur. Ca sent souvent le fake a des km but well c’est un peu la tradition ici.
Au bureau, je suis entouré de Jenny et de Jennyfer…:-)
La linguiste que je suis ne peux qu’approuver 🙂 C’est effectivement un talent difficile à acquérir, tout comme l’humour en général, dans une langue étrangère 🙂
Ah ah ah ! J’adore.. je me sens moins seule d’un coup!
si cela fonctionne avec la sangria (ben oui, je reviens de Barcelone), je vais être fluent en small talk :))