Ce week-end, je suis allée voir l’exposition.
Pour être honnête, je ne connaissais pas vraiment Anish Kapoor. J’avais entendu parler de lui, mais je ne connaissais pas son travail. J’avais donc très envie de découvrir ce qui fait actuellement courir les foules à Londres.
J’ai vu.
Voici ce qu’il en est:
– L’exposition commence dans une salle remplie d’objets miroirs géants aux formes concaves. Ca rappelle les miroirs déformants des foires de village. Ludique.
– A droite, dans une autre salle, on découvre le « fameux » Svayambh: un énorme bloc de cire rouge se déplaçant à une lenteur désespérante à travers plusieurs salles en abandonnant à chaque passage de porte un peu de matière sur les bords.
– Dans la salle suivante « Yellow »: un immense carré de fibre de verre jaune encastré dans un mur, censé éveiller les sens avec ses nuances de couleur (jaune clair, foncé orangé, pipi…)
– On passe ensuite dans la salle des « pigment works »: des pigments colorés très intenses, notamment jaunes, rouges et bleus formant de jolis petits tas voulant donner l’impression d’objets sortis du sol de la galerie sans aucune intervention humaine. Ravissant. Moi ça m’a rappelé les tas d’épices de Dehli.
– Après les tas de piments jolis, on découvre dans la salle suivante une oeuvre appelée « Greyman Cries, Shaman dies, Billowing Smoke, Beauty evokes »
Je ne sais pas ce qu’a voulu dire l’artiste, mais entre nous les amis, ce que je vois là ce sont des tas d’excréments. De la merde, quoi. En ciment, dieu merci.
Pour accéder à la salle suivante, il faudra littéralement enjamber tous les petits tas d’excréments. Là, j’avoue qu’il y a du concept.
Celle-ci s’appelle « Slug » et occupe la salle après les petits tas scato. Il paraît qu’il y aurait une connotation sexuelle. La partie rouge représenterait une vulve… Pour ce qui est des tournicotis autour, tu interprètes comme tu veux. Laisse ton imagination tourner, et tu vas voir, tu vas avoir le tourni.
La mienne tourne encore, en roue libre!
– La principale attraction de l’exposition c’est « Shooting into the corner ». Un canon géant tirant des boulets de cire rouge sur un coin de mur. Un grand boum retentit, on sursaute, on fait des Oh et des Ah et on entend un splash-splouch. Un boulet de cire vient de s’écraser sur le mur d’en face.
Attendre un minimum de 30 minutes pour voir ça… ouais, c’est conceptuel.
Ce que j’en pense: éternel débat de l’art contemporain conceptuel. Art ou véritable fumisterie.
On sait tous ce qu’est l’art conceptuel: l’art ne se définit plus par les propriétés esthétiques des objets ou des oeuvres, mais uniquement par le concept ou l’idée de l’art. On ne se soucie donc plus du savoir-faire de l’artiste et on se préoccupe encore moins de savoir si l’oeuvre est « finie », car ce qui compte, c’est l’idée.
C’est l’idée qui a de la valeur, pas la réalisation.
Ainsi, tout est possible, tout est permis.
Toutes les interprétations sont possibles aussi. Quand on regarde une oeuvre d’art, on projette toujours un peu de soi. Tout le monde le sait. Alors où se situe la frontière, cette ligne Maginot qui sépare l’art de la grosse arnaque? Chacun décide, je crois. Non?
En fait, ce qui m’amuse dans ce genre d’expo, c’est d’observer les visiteurs.
Il y a ceux qui prennent l’air entendu, supérieur. Le genre qui n’en pense pas moins et qui veut extérioriser que lui, tu vois, il comprend.
Il y a ceux qui contemplent.
Il y a ceux qui ne savent pas trop quoi penser.
Il y a ceux qui sont dubitatifs.
Il y a ceux qui ont la pulsion frénétique de capturer l’oeuvre.
Il y a ceux qui s’extasient avec une bouche en forme de O.
Evidemment, il est de bon ton de s’extasier.
Mais quand on y réfléchit finalement, on peut s’extasier de tout dans la vie, comme au pays des Bisounours. Tiens, cette voiture qui klaxonne dans la rue, quelle douce mélodie. Et cette petite crotte de chien juste sur mon trottoir, quel joli petit monticule. Et ce petit carré de chocolat à la pastèque du Guatemala, quelle merveille pour l’éveil de mes papilles… Non mais sérieusement!
Bref, je m’égare. Les goûts et les couleurs, c’est une histoire très subjective.
Catégories :Londres
mouais..comme toi je ne suis pas très fan. Il est très spécial cet artiste, j´avais déja vu des oeuvres, et sincèrement, j´ai pas compris le propos..Mais biensûr je respecte l´avis des autres..Comme on dit en suédois "smaken är som bank-delad" (taste is like the behind-divided)
correction-"smaken är som BAKEN-delad"…voilà..bisous et bonne journée!
Je suis assez d'accord avec toi. Maintenant, le talent de ce type c'est peut être de faire déplacer les foules et de soulever ce genre de question.
L'appreciation de l'exposition depend egalement de l'etat d'esprit du visiteur.J'y ai toruve l'expression de mes frustrations professionnelles de la semaine. Personnellement, ca m'a fait un bien fou!
@ Mandy: exactement smaken är som baken-delad !@ Lili: alors quel talent!@ Chocoralie: j'y suis allée la fleur au fusil! sans aucun préjugé et de bonne humeur. Il faisait si beau dimanche en début d'après-midi.Une promenade à St James Park aurait été plus agréable.C'est quand même dommage de retrouver tes frustrations professionnelles dans une expo d'art contemporain.
Ce genre d’expo me rend assez hermetique … En régle générale, je ne fais pas l’impasse mais n’en ressort jamais très enrichie …